La zoothérapie peut-elle se pratiquer avec son propre chien?
Pourquoi avez-vous ou voulez-vous un chien ? La plupart du temps, on veut/prend un chien pour avoir une compagnie à la maison. Ça rajoute de la vie, du mouvement, de la joie ! De plus, certains maîtres se rassurent par sa présence : il éloignera les voleurs ou les gens mal intentionnés.
Et puis, il est le meilleur ami de l’homme. On compte sur sa fidélité, sa loyauté, sa bienveillance au quotidien.
- Quoi de plus apaisant que de caresser son chien, au calme, à la maison ?
- Quoi de plus vivifiant que des balades au grand air, où on le voit, ivre de bonheur, s’ébrouer face à soi ?
- Quoi de plus réconfortant que de se lover contre lui, sentir sa chaleur, son odeur, sa douceur ?
Quel que soit l’âge du maître, il y prend vite goût.
Certains en viennent même à préférer leur chien que leurs pairs. Que de trahisons, de déceptions et de blessures cela trahit ! Mais aussi, quelle responsabilité pour le chien que d’être si important pour son maître ! De plus, avec son lot de petites (et grosses) bêtises, le chien va amuser, effrayer, énerver, … ses maîtres. Il demande du temps, de l’énergie, du savoir-faire. Bien plus que ce qui avait été prévu, la plupart du temps ! Alors c’est déroutant. La plupart des chiens n’incarnent pas le projet pour lequel ils avaient été choisis (pour autant, qu’on l’ait choisi, on a pu se le voir offrir aussi, ou le choix peut être un concours de circonstances).
Certains déçoivent, d’autres encombrent, d’autres encore se révèlent tellement plus important que ce qu’on aurait cru au départ. Bref, le potentiel émotionnel qui entoure le chien est souvent énorme. C’est ce qui conduit, d’ailleurs, à des difficultés relationnelles. Il est difficile de prendre une distance et d’être objectif face à son chien. Difficile de l’évaluer ; difficile de se positionner quand il le faut.
Pourquoi faire des séances de zoothérapie ? La zoothérapie est une thérapie dans laquelle le chien agit comme médiateur entre le thérapeute et le client. Par le contact avec le chien, le client apprend à prendre sa place, se faire confiance, gérer ses émotions, oser dire non, être sa priorité, … Quel que soit son objectif, le client l’atteint par le biais du chien. A travers des exercices de relaxation, de positionnement, d’obéissance, il se rend compte qu’il est trop gentil, s’adapte aux autres, ne s’écoute pas suffisamment, ne se donne pas l’autorisation d’être lui-même.
Par la bienveillance du cadre et la connexion qui s’établit entre l’homme et l’animal, il progresse à son rythme. Petit à petit, ce qu’il a mis en place avec le chien, il apprend à le mettre en place dans son quotidien, avec son entourage. Il devient ainsi autonome et bienveillant envers lui-même. Cela n’est évidemment possible qu’à la condition que le thérapeute ET son chien soient formés. C’est un métier, en plus d’une passion. On ne s’improvise pas zoothérapeute parce qu’on aime les chiens ou parce qu’on trouve que son chien est formidable.
Évidemment un zoothérapeute de qualité aime les chiens et le chien qu’il mettra en contact avec ses patients sera adéquat, mais en plus de cela, il aime l’humain et lui, comme son chien, est qualifié pour lui venir en aide.
Pourquoi le chien de zoothérapie n’est pas celui du client ? Vous comprendrez donc aisément qu’un chien de zoothérapie le devient après mure réflexion et beaucoup de travail. Il a été choisi en fonction d’un projet, lui-même bien étudié avant son acquisition. Ensuite, son entraînement commence dès son plus jeune âge. Il a tout à apprendre et à découvrir et cela ne s’improvise pas. Il apprendra aussi l’obéissance à travers des jeux et le contact à l’autre devra être pour lui un plaisir. Alors, petit à petit, en respectant son rythme et ses besoins, il pourra devenir un assistant de qualité. Lorsqu’un client rencontre le chien en thérapie, il s’y attache bien sûr, mais ce n’est pas du tout la même implication émotionnelle que pour son propre animal. Ce chien aura une importance pour lui, mais elle sera d’un autre ordre.
Et c’est précisément cela qui permettra au client de s’épanouir, de se découvrir, de se développer vers sa propre autonomie. Cela aura donc certainement des effets sur ses relations, y compris celles avec son chien. Il n’est d’ailleurs pas impossible de faire des ponts lorsque le zoothérapeute est également comportementaliste canin. Lorsque le client aborde ses difficultés relationnelles avec son chien, il est possible, par la suite, de l’aider aussi, mais à ce moment-là, en portant la casquette de comportementaliste canin et non pas de zoothérapeute : ainsi tout le monde est satisfait et l’apport reste cohérent pour tous.
Le 24/05/2020 Aude Klein